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C'est étrange...
Cette impression que l'âge est quelque chose qui nous est imposé, mais qui ne veut rien dire en fait. Je dis cela parce que ces temps-ci, je me rends compte que je ne me sens pas du tout comme quelqu'un de 20 ans. Je regarde des gens qui ont le même âge que moi et j'ai soit l'impression de ressembler à une enfant à côté d'eux qui ont l'air beaucoup plus vieux, plus ancré dans le monde. Soit, en regardant d'autres personnes ou en interagissant avec mes amis, j'ai l'impression d'avoir grandi dans un autre monde, d'être vieille comme Matusalem parfois. Je me dis que ça doit être dû au fait que je ne veux pas vieillir, mais aussi du fait que je trouve quasiment de parler de trucs que des gens de mon âge sautent littéralement dans les rideaux à leur simple mention (ce qui est vrai, c'est une de mes amies avec qui j'en ai jasé qui m'a fait réaliser cela).
C'est étrange. Je regarde ma vie et je la trouve correcte. J'ai eu de l'amour à pelletée, j'ai même été ce qu'on appelle un enfant pourri gâté malgré que ma famille ne soit pas vraiment fortunée, mais j'ai également été élevée dans un cadre plus sévère, plus fermée (comprendre ici "moins de liberté") que la normale et ça, je l'ai toujours su. C'est sûr, ça m'a toujours dérangé de ne pas pouvoir faire comme les autres, d'être limitée et d'avoir l'impression que c'était dû à un manque de confiance envers ma personne. Avec les années, ca s'est atténué, mais ca n'a jamais vraiment arrêté. Je me suis rendue compte que c'était en partie à cause de ca que je me sentais "à part" du monde extérieur.
Ouais, pour en revenir à ce dont je parlais au début, je me rends compte que la raison pourquoi je me sens parfois si vieille, c'est peut-être parce que je suis forcée d'une certaine manière à voir les gens que j'aime autour de moi vieillir et mourir un jour, dans un avenir plus rapproché que pour la moyenne des gens. La maladie et la mort sont des choses normales de la vie, c'est juste que j'ai à les affronter plus tôt, une partie de moi ne voulant pas avoir à "dealer" avec cela, l'autre partie prenant ses responsabilités, sachant qu'il n'est pas possible de fuir l'inéductable et, se préparant à l'affronter de plein front, perd un peu plus d'innocence et d'insouciance. De l'insouciance, il ne m'en reste que très peu en fait. Ma meilleure amie m'a déjà fait remarquer que je pesais toujours les deux cotés de la balance, prévoyant les conséquences en bien et en mal. Mon incapacité à m'imaginer l'avenir tient un peu de cela aussi. Je ne veux pas m'imaginer ce que je ferai plus tard, où je pourrai être, car je ne pourrai m'empêcher de penser à qui j'aurai perdu à ce moment. J'aimerais beaucoup faire un stage à l'étranger ou juste partir en voyage quelque temps, mais je sais que je ne pourrai surement pas. Partir me ferait du bien, me ferait surement oublier pendant un certain temps ce poids que j'ai, mais je sais que le prix à payer pour cela serait bien trop lourd, les regrets et les remords bien trop amers s'il arrivait quelque chose pendant mon absence. Alors je me dis que j'attendrai, j'attendrai le jour où je serai libre de ses responsabilités, le jour où la seule chose qui me préoccupera sera mon loyer à payer. Ce jour sera peut être dans un an, peut être dans 10, qui sait.
Je vis dans un univers prédéterminé, mais tellement instable à la fois. Le jour où mon monde s'effondrera en morceaux, j'aiderai à recoller ceux des autres avant de m'attaquer au mien. J'espère juste que ce jour ne sera que dans un avenir lointain.
Je suis désolée si je vous ai déprimé,mais j'ai soudain eu besoin d'écrire, de faire le point. Si vous ne comprenez qu'en partie, c'est normal, j'ai plus écrit pour moi-même que pour me faire réellement comprendre. Ne vous inquiéter pas trop non plus, je ne suis pas en train de pleurer, je suis zen, un peu triste, mais zen. Sortir tout ça m'a fait du bien. ^_^
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